Chères Consœurs, Chers Confrères,
L’occasion m’est donnée par cet éditorial de faire résonner plus largement les quelques mots prononcés à l’occasion de mon élection lors de l’Assemblée générale du Jeune Barreau du 17 avril 2024.
Comme je le partageais devant cette assemblée, les cinq années passées au comité m’ont mise aux premières loges de notre corporation, me permettant de découvrir son fonctionnement et son dynamisme ainsi que de mesurer le sens des mots confraternité et sororité. L’envie de continuer à m’investir pour relever les défis de notre profession m’a décidée à me présenter au poste de Première Secrétaire.
Hormis le défi premier de perpétuer les projets actuellement portés par le Jeune Barreau, j’évoquais mon souhait de mettre à profit ce mandat pour investir trois thèmes particuliers.
1. La santé et plus largement le bien-être au sein du barreau
Que ce soit par mon parcours de vie mais également ma pratique en droit du travail, j’ai à cœur de sensibiliser nos membres sur l’importance de préserver au quotidien sa santé physique et mentale ainsi que celle de son personnel puisque nous exerçons une profession exigeante, sujette au stress et marquée par les conflits des autres.
Par la mise en place de rencontres sportives, d’ateliers de gestion du stress et d’autres initiatives, le Jeune Barreau donne aujourd’hui déjà l’opportunité à ses membres de prendre soin d’eux et d’être actifs et cherche également à transmettre des outils pour favoriser le bien-être dans un cadre professionnel. C’est un effort à soutenir.
Durant mon mandat, il conviendra également de travailler, de manière conjointe avec le Conseil de l’Ordre et notre Secrétaire Générale, sur le Dispositif de protection de la personnalité né il y a quelques années sous l’impulsion du comité du Jeune Barreau. Il s’agira d’une part de pérenniser ce Dispositif en impliquant davantage les chefs d’étude ainsi que de favoriser un climat de confiance permettant aux membres, et peut-être plus largement à leur personnel, d’utiliser ce Dispositif de manière effective.
2. L’attractivité du barreau comme marché du travail
La difficulté pour certaines études d’avocats à retenir les talents au sein du barreau ou à apparaître intéressantes et attrayantes pour des jeunes brevetés existe.
Que ce soit le nombre élevé d’avocats ou la concurrence d’autres prestataires de services juridiques, les perspectives professionnelles au barreau en sont affectées.
A cela s’ajoute le fait que les autres professions juridiques offrent des environnements de travail plus attractifs, en particulier pour les femmes mais également pour les générations actuelles qui ne sont pas prêtes à sacrifier leurs projets personnels pour les promesses d’une brillante carrière au barreau. On observe également que de plus en plus de jeunes brevetés, se lancent, à peine leur brevet en poche, courageusement, ou inconsciemment, sur le chemin de l’indépendance.
Il m’apparaît essentiel que les membres du barreau questionnent les facteurs décisifs à l’origine de ces divers choix de carrière.
J’ai à cœur d’entamer une discussion afin de mettre plus en lumière les attentes en matière de collaboration des avocates et avocats tant employés qu’employeurs, d’aborder les pratiques qui fonctionnent et ont du sens au vu de l’évolution sociétale actuelle et de discuter de sujets tels que la parentalité au barreau ou l’aménagement du temps de travail, quelle qu’en soit la raison et indépendamment de l’arrivée d’un enfant.
Le Jeune Barreau a, selon moi, son rôle à jouer en veillant à initier des réflexions et être force de propositions, sans tomber dans l’écueil de la généralisation puisqu’il y a autant de fonctionnements et de réalités distinctes que d’études d’avocats. Mon Comité s’attèlera donc prochainement à préparer un sondage à l’attention des membres puis organisera un événement pour échanger sur ces questions d’importance.
3. La nécessité de se former de manière pluridisciplinaire
Outre des connaissances juridiques pointues, la profession d’avocat suppose la maîtrise de multiples compétences. Compétences rédactionnelles, oratoires, sociales, émotionnelles, informatiques, la liste est longue. Si une partie de ces compétences s’acquièrent tout au long du parcours académique et pendant le stage, certaines lacunes se font ressentir chez bon nombre d’entre nous en raison d’une formation encore essentiellement centrée sur le droit.
Que ce soit en matière d’intelligence émotionnelle, d’outils de communication, de méthodologies de gestion du temps ou encore de leadership et management, ces compétences sont fondamentales dans l’avocature.
Ces aptitudes non juridiques s’avèrent utiles dans la relation qu’entretient l’avocate ou l’avocat avec sa clientèle, avec ses interlocuteurs (parties adverses, autorités, magistrats) ainsi qu’avec ses associés, ses collègues et son personnel.
Le Jeune Barreau occupe une place importante, aux côtés notamment de la Commission de formation permanente et de la Commission innovation et modernisation du barreau, afin de sensibiliser activement les membres de l’Ordre aux bénéfices d’une formation continue pluridisciplinaire.
Dans ce contexte, le Comité du Jeune Barreau se penchera également sur une nouvelle offre de prestations destinées spécifiquement aux jeunes cheffes et chefs d’étude qui endossent des responsabilités nouvelles avec leurs casquettes additionnelles d’entrepreneur et d’employeur.
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La société évolue, le métier évolue, et le Jeune Barreau doit accompagner au mieux ces évolutions. Ces deux années s’annoncent donc chargées mais passionnantes, à l’image de notre magnifique profession.
Je vous remercie pour la confiance que vous me témoignez et je ferai tout mon possible pour en être à la hauteur.
Rebecca Stockhammer
Première Secrétaire du Jeune Barreau